Relocalisation : trois exemples d’entreprises en Hauts-de-France  

En 2021, la Chambre de commerce et d’industrie Hauts-de-France comptabilisait près de soixante relocalisations industrielles, dans une étude détaillée concernant le tissu industriel du territoire. Les Hauts-de-France restent, cette année encore, la deuxième région française préférée des investisseurs étrangers, après l’Ile-de-France, selon le bilan annuel des investissements directs étrangers, publié par Business France. La région décroche aussi pour la première fois une seconde place sur le podium national en nombre de projets d’investissements, avec 205 projets d’investissement et 8.437 emplois créés ou maintenus en 2022. 

En avril 2022, le Groupe Happy Chic (Jules, Brice, Bizzbee) inaugure une nouvelle usine à Neuville-en-Ferrain près de Roubaix, créant une centaine d’emplois. En octobre 2022, c’est au tour de Naturopera d’inaugurer une usine de production de couches écologiques dans le Pas-de-Calais, à Bully-les-Mines. Et sans compter Inodesign, qui depuis 2012, fabrique des cartes électroniques sur mesure A à Z, pour pallier à certaines pénuries en innovant non seulement dans la conception mais aussi dans la fabrication.  Retour sur 3 entreprises des Hauts-de-France qui ont fait le choix de relocaliser en région.

Naturopera, la couche écologique à Bully-les-Mines 

Cela faisait 30 ans qu’aucune usine de couches n’avait vu le jour en France. Et c’est à Bully-les-Mines, dans le Pas-de-Calais que la marque Naturopera a choisi de s’installer. Inaugurée en fin d’année 2022, cette usine est en plus la première à produire 100% de couches écologiques en France ! Pourquoi les cofondateurs, Kilian O’Neill et Geoffroy Blondel, ont choisi les Hauts-de-France pour implanter une unité de fabrication, elle-même éco-conçue ? ‘Il y a plusieurs raisons’, répond Kilian O’Neill.  

D’abord parce que la région se situe « à un emplacement logistique stratégique, bien desservi, à l’intersection de nos flux amonts et aval de l’usine mais aussi parce que le site est proche de notre siège parisien, tout en étant au cœur d’un bassin de population assez important pour recruter ». Ensuite, il y a également une raison historique : la couche appartient au savoir-faire textile et les Hauts-de-France possèdent encore toute une filière de sous-traitants dans le domaine. En 1967, à Linselles, près de Lille, la marque de couches culottes Peaudouce faisait son apparition, sur un marché où il n’existait alors que des changes lavables à cette époque… 

Naturopera a choisi les Hauts-de-France parce que les différents acteurs de la région ont été particulièrement moteurs. Non seulement, le dossier d’implantation a été régulièrement suivi d’un point de vue administratif, concède le co-fondateur mais Naturopera a pu bénéficier de différentes aides à l’implantation : de subventions de la part de la Communauté d’agglomération de Lens Liévin et du conseil régional des Hauts-de-France, du fonds d’investissement Regain 340 abondé par la Caisse d’Epargne et le Crédit Agricole, d’une avance remboursable de la BPI, d’aides de l’Etat dans le cadre de France Relance et de l’appel à projets Territoires d’industries. ‘C’est important, dans cet investissement de 14 millions d’euros, de sentir que le projet est soutenu’, admet Kilian O’Neill. Une centaine d’emplois seront créé d’ici 2025. 

Fashion Cube, le jean assemblé à Neuville-en-Ferrain 

Autre relocalisation d’importance, l’usine à jeans made in Nord, assemblés à Neuville-en-Ferrain près de Roubaix, pour les magasins de l’enseigne Jules mais à terme pour tous les magasins du club baptisé Fashion Cube Denim Center (Pimkie, Bizbee, Rouge-Gorge et Grain de Malice). Son nom « cinq neuf » fait d’ailleurs explicitement référence au numéro du département. L’investissement de 3 millions d’euros a été soutenu par la Métropole européenne de Lille (400.000 euros) et par le conseil régional des Hauts-de-France (400.000 euros). 

L’automatisation y est très importante, dans l’optique de réduire les coûts de fabrication. Le jean intègre des matériaux recyclés, pour générer une plus faible empreinte carbone : coton, polyester et élasthanne recyclés, l’objectif étant clairement de créer une économie circulaire. ‘À terme, on voudrait que les clients achètent un jean, puis nous le rapportent, une fois usé, afin que la matière soit ré-utilisée pour confectionner d’autres produits ’, expliquait lors de l’inauguration Jean-Christophe Garbino, le CEO de Fashion Cube. 

Si ce modèle fait ses preuves, Fashion Cube n’exclut pas de « dupliquer » des mini-usines locales, dans d’autres régions voire même à l’étranger. A terme, c’est tout un business model qui se réinvente, dans l’optique de ne ‘ produire que ce que nous serons en capacité de vendre, sans décote et sans résiduels en fin de collection, pour redonner toute sa valeur à un produit made in France et citoyen ‘, souligne Christian Kinner, ex-responsable RSE (Responsabilité sociétale des entreprises) chez Pimkie et porteur du projet Fashion Cube. 

Inodesign, la carte électronique made in Croix 

Produire en France, c’est le leitmotiv de Mickaël Coronado, fondateur d’Inodesign. Pour se faire, Inodesign a réinventé la façon de concevoir et d’optimiser l’assemblage des cartes électroniques, non seulement pour rivaliser en prix avec les produits venus d’Asie mais également d’être compétitifs en matière de prix.  

Inodesign se compose de plusieurs services : un bureau d’études pour concevoir les produits, une unité de fabrication de 30.000 cartes électroniques par mois, des machines pour produire près de 200.000 faisceaux par mois, un service de plasturgie et de surmoulage qui permet de fabriquer des prises d’alimentation télé ou ordinateur ou encore des bornes de type Wago (qui servent à raccorder plusieurs fils électriques d’un circuit) ainsi que d’un laboratoire pour accompagner la certification partout dans le monde.  

L’entreprise est donc structurée pour concevoir des cartes électroniques sur mesure de de A à Z (pour les chaudières, thermostats, micro-ondes, etc.) ainsi que des faisceaux électriques pour l’industrie et le numérique (data centers ou vélos électriques par exemple). Les clients d’InoDesign travaillent dans le médical, l’industrie lourde, la domotique, le ferroviaire, le militaire, bref, dans tous les secteurs sauf l’Internet des objets (IoT) et l’automobile. 

Un exemple concret du résultat ? L’entreprise a été consultée par Le Casier Français, qui était confronté à une pénurie de cartes électroniques pour ses casiers automatiques. Il manquait alors un composant mais le bureau d’études a contourné le problème en trouvant une alternative, en redessinant la carte électronique en un mois (ce qui est très rapide).  

Le secret d’ Inodesign  ? Utiliser exactement les mêmes machines qu’en Asie, mais avec un « up-grade » en automatisation et en intelligence artificielle dont Mickael Coronado a le secret.  Après avoir doublé ses capacités de production et ouvert un nouveau site à Avelin, près de Seclin, Inodesign a aussi intégré le réseau CCI Business, dans la section Sous Traitance Industrielle comme offreur de solutions (Industrie du futur). 

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