Rentrée économique des entreprises : le grand écart ?

Cette rentrée 2023 rime bien avec « contrastée » sur le front économique, avec d’un côté, des entreprises qui présentent des taux d’activité et de rentabilité jamais vus et de l’autre, des entreprises pour lesquelles les difficultés se multiplient.

Eclairage complet sur cette situation et son décryptage économique à travers les dernières enquêtes de conjoncture menées par la CCI de région Hauts-de-France, la Banque de France, la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France et la CMA Hauts-de-France.

AGRICULTURE

La filière viande pâtit particulièrement de cette baisse de consommation alimentaire, notamment à domicile, alors qu’elle se maintient en restauration rapide, ce qui favorise les importations. En Hauts-de-France, le 1er trimestre 2023 enregistre une hausse de 27% des importations de viande et produits à base de viande par rapport au 1er trimestre 2022 (contre une hausse de 14% pour les exportations).

En revanche, la filière pommes de terre bénéficie d’un contexte plus porteur, avec une demande dynamique. Ce constat doit néanmoins être mis en perspective de la hausse des coûts de production et du repli des cours qui interrogent sur la marge des producteurs en 2024.

BTP

Dans un contexte plus terne pour le bâtiment, l’emploi connait une légère baisse au cours du 3ème trimestre 2023 par rapport au même trimestre de l’année 2022. Les défaillances progressent sur les 9 premiers mois de l’année 2023 par rapport à 2022 mais n’atteint pas le chiffre de 2019 avant la crise covid. Enfin, l’augmentation des matières premières, du carburant avec le recul du pouvoir d’achat sont les principales préoccupations des dirigeants dont l’état d’esprit est plus pessimiste que dans les autres secteurs.

Enquête Banque de France

Selon l’enquête menée auprès des professionnels du bâtiment, la prévision de production du secteur de la construction est plus favorable en cette fin d’année qu’elle ne l’était en tout début d’année, du fait de la levée de certaines incertitudes. Toutefois, la fin d’année 2023 devrait être nettement moins bien orientée d’après les chefs d’entreprise. La croissance de la production devrait, au final, ralentir de façon significative par rapport à celle enregistrée en 2022 lors de notre précédente enquête de début d’année.

L’artisanat du bâtiment

Le secteur du bâtiment est confronté à des crises successives. Il y a d’abord eu la crise des matériaux engendrée par les crises sanitaire puis géopolitique, qui a beaucoup touché les artisans du bâtiment au 1er trimestre 2023. Ils étaient alors majoritaires à déclarer un chiffre d’affaires dégradé et 71% à déclarer une trésorerie dégradée. Aujourd’hui, la situaon s’améliore puisque l’index des prix des matériaux commence à baisser.

Néanmoins, une crise du logement neuf est en train de s’installer depuis cette rentrée, cette nouvelle crise n’est pas sans impact pour les artisans du bâtiment ; ils sont 46% à déclarer un carnet de commande en baisse au 3ème trimestre, avec une visibilité à 3 mois.

Les artisans du bâtiment sont inquiets et 20% d’entre eux s’interrogent pour la pérennité de leur entreprise. De façon plus mesurée, la crise du logement aura probablement un impact sur les effectifs dans l’artisanat du gros œuvre puisque 1 artisan du gros œuvre sur 4 envisage de baisser ses effectifs au 4e trimestre 2023.

INDUSTRIE

Compte tenu de l’inflation, ces données tendent néanmoins à suggérer une baisse des volumes de production.  Dans ce contexte, un léger tassement des effectifs est attendu. La rentabilité s’en ressent avec un solde d’opinion négatif concernant l’évolution de la rentabilité.

COMMERCES ET SERVICES

L’artisanat alimentaire et des services

 L’impact de l’inflation sur les entreprises de l’alimentaire et des services continue à se faire fortement ressentir. L’enquête du 3e trimestre 2023 met en évidence que la moitié des entreprises artisanales de l’alimentaire et des services est en sous-activité.

L’inflation et les arbitrages, qu’elle implique côté consommateurs, entrainent une baisse de la consommation chez les artisans alimentaires. Selon une étude de Bonial et OpinionWay, 3 consommateurs sur 4 optimisent leur budget et 65% optent pour la sobriété alimentaire. Le critère du prix devient alors le critère numéro 1 devant celui de la qualité.

Concernant les services, les artisans tels que les coiffeurs et les instituts de beauté sont très sensibles aux fluctuations conjoncturelles car le budget consacré aux soins de la personne est l’un des premiers à être sacrifié par les ménages en cas de difficultés économiques.

Sur ce 3^ème trimestre, la situation économique des entreprises reste préoccupante : 67% des artisans de l’alimentaire et 53% des services indiquent une trésorerie dégradée au T3 2023. On retrouve ainsi les mêmes proportions qu’il y a un an (au T3 2022). La situation actuelle inquiète les artisans, 22% des artisans de l’alimentaire et 15% des artisans des services se disent inquiets pour la pérennité de leur entreprise au 3^e trimestre.

Services marchands aux entreprises

Dans les services marchands, la forte incertitude qui prévalait en début d’année quant à la croissance d’activité pour l’année 2023 s’est dissipée et laisse apparaître une augmentation du chiffre d’affaires du secteur un peu plus importante que prévu mais avec des disparités selon les branches. Les effectifs devraient rester quasiment inchangés.