Avec près de 200 cédants accompagnés rien que sur l’année 2021, la CCI Grand Lille donne ses conseils pour bien prévoir le montage financier d’une cession-reprise d’entreprise.
Quel apport pour racheter une entreprise ? Réponses d’un expert

Réponses d’une conseillère CCI spécialisée dans le rachat et la vente d’entreprises, Valérie Thibaut.
Quel montant d’apport personnel à prévoir pour racheter une entreprise ?
Le montant de l’apport personnel du dirigeant est un point essentiel dans la reprise d’entreprise. Il est en moyenne entre 20% à 40% en fonction des activités, même s’il est possible que la banque exige plus, dans le but de réduire le risque qu’elle prend. Cette somme d’argent peut provenir des économies ou être investie par des proches (ce qu’on appelle la love money) : ces euros ont en tout cas la vocation à rester durablement dans l’entreprise, au contraire d’un emprunt bancaire qui devra être remboursé.
Comment aborder la question du montage financier ?
Une fois que le repreneur décide de reprendre une entreprise et qu’il dispose d’un apport suffisant, c’est le moment de réfléchir au montage financier à proprement parler. Que ce soit avec de l’emprunt bancaire, du capital-investissement (savoir des sociétés publiques ou privées qui apportent de l’argent en fonds propres ou quasi-fonds propres : capital, prêts participatifs, comptes courants) voire même du crédit vendeur.
Comment calcule-t-on ce que le repreneur
ou l’entreprise peut emprunter ?
Le projet de reprise d’une entreprise sera conditionné par la capacité de l’entreprise cible à rembourser la dette d’acquisition avec ses ressources propres. Cette capacité de remboursement est calculée en fonction du niveau de rentabilité de l’entreprise.
Sachant qu’une dette d’acquisition s’étale sur 7 ans maximum, la banque estime en général à 75% maximum la part de la CAF (Capacité d’Autofinancement) affectée au remboursement de cette dette. Au-delà, il y aurait un risque de viabilité de l’entreprise après la reprise.
Par exemple, un dirigeant souhaite vendre son entreprise 600.000 euros. Cette société enregistre une rentabilité de 79.017 euros par an. La banque retiendra donc 75% de cette somme pour en déduire que la société est en mesure de rembourser 59.263 euros par an, soit 4.938 euros par mois.
Ce qui va lui permettre d’emprunter 390.000 euros à un taux de 2% sur 7 ans, avec une mensualité de 4.979 euros. L’apport minimum du repreneur devra être dans ce cas de 210.000 euros (le solde en fait), auxquels il faudra ajouter les frais de reprise : conseils et actes juridiques, audits, etc. S’il n’a pas cet apport, le repreneur devra présenter un projet de développement du chiffre d’affaires, avec un prévisionnel de rentabilité convaincant. Sachant qu’en fonction des risques qu’elle prend, la banque pourra néanmoins exiger un apport plus élevé de l’acquéreur potentiel.
Est-ce la même chose si c’est une entreprise
déjà constituée qui rachète ?
Le raisonnement est différent si c’est une entreprise qui rachète une autre entreprise, dans le cadre d’une croissance externe. La clef restera toujours la rentabilité de l’activité rachetée. Une opération de croissance externe pourra être financée à 100% par emprunt bancaire si la société cible a une rentabilité suffisamment élevée.
Il faut garder en tête que la banque étudiera toujours les probabilités qu’elle a d’être remboursée, en examinant notamment le profil du repreneur.
S’il a déjà fait ses preuves à la tête d’une entreprise, la banque aura plus tendance à accorder sa confiance.
Quels types d’entreprises sont à vendre sur la métropole lilloise et les secteurs couvert par la CCI Grand Lille, à savoir aussi Hazebrouck, Saint-Omer et Saint-Pol-sur-Ternoise ?
Sur la métropole lilloise, on va surtout trouver des petits PME dans l’industrie (bois, carton, ferronnerie, plasturgie) ou le service (bureaux d’études, services à la personne, informatique par exemple). Dès qu’une annonce est publiée sur le site transentreprise.com, nous avons beaucoup de candidatures. Il y a également beaucoup de bars et restaurants à vendre.
Certaines activités ferment sans avoir pu être vendues, soit parce que le gérant s’y est pris trop tard, soit parce qu’il en demandait trop cher, soit parce que la rentabilité n’était pas assez élevée… C’est pourquoi il est essentiel de se faire accompagner par la Chambre de commerce et d’industrie, afin d’identifier les axes d’amélioration comme la mise aux normes, la rentabilité, l’organisation des ressources humaines, ou même les économies d’énergies. Avec la flambée des prix de l’énergie, le Diagnostic de Performance Energétique (DPE) est de plus en plus scruté avec attention !
Comment trouver une entreprise à racheter ?
Notre travail à la CCI, c’est justement de mettre en relation vendeurs et repreneurs. Nous avons un fichier de repreneurs potentiels. Nous cernons avant tout le profil du repreneur pour lui proposer des cibles qui lui correspondent. Nous conseillons d’ailleurs à ceux qui souhaitent racheter une entreprise de faire leur CV-Repreneur : également appelé « fiche de cadrage », ce document va nous permettre de bien cerner le profil du repreneur (son parcours professionnel, ses savoir-faire…) et les caractéristiques de la cible recherchée (activité, secteur géographique, effectif, chiffre d’affaires, etc.).
En n’oubliant pas de mentionner tout ce que le repreneur ne veut pas : cela peut être une situation géographique trop éloignée, une taille d’entreprise trop importante, un domaine d’activité à exclure, entre autres. Nous faisons ensuite jouer notre large réseau, que ce soit via le site Transentreprise ou via le réseau de conseillers, en lien chaque jour avec des chefs d’entreprise qui recherchent un repreneur.
Quel est le principal problème que vous rencontrez
dans la transmission d’entreprises ?
Les chefs d’entreprises qui souhaitent vendre leur entreprise ne sont généralement pas dans l’anticipation. Parfois, ils viennent nous voir pour nous dire qu’ils comptent céder leur activité dans six mois ou un an. Sauf que vendre une entreprise peut parfois s’avérer plus complexe qu’il n’y paraît ! La CCI est justement là pour évaluer l’entreprise, déterminer un prix de vente mais également faire un bilan de ses forces et ses faiblesses. Le chef d’entreprise qui réalise un diagnostic suffisamment tôt sera en mesure de préparer son entreprise à la cession en prenant les mesures nécessaires pour corriger ses faiblesses et ainsi optimiser son prix de vente, ses chances de reprise et de pérennité après la cession.
Certaines activités nécessitent aussi des profils spécifiques. La recherche d’un repreneur peut prendre jusqu’à deux ans ! Mon premier conseil aux cédants serait donc d’anticiper au maximum.
Avez-vous un exemple en tête ?
Je pense notamment à une petite entreprise industrielle en métropole lilloise. Au départ, un repreneur s’était montré intéressé mais il souhaitait s’associer avec une personne qui était géographiquement trop éloignée et bref, ça ne s’est pas tout de suite concrétisé. Ce n’est qu’un an après que le repreneur a repris contact avec nous, afin de savoir si cette entreprise était encore à vendre : il avait étudié différents autres dossiers mais c’est le temps lui a fait prendre conscience que c’était cette première entreprise qui lui correspondait vraiment. La transmission, ce ne sont pas que des opérations comptables, ce sont d’abord et avant tout des aventures humaines, des histoires de rencontres.
Comment savoir si c’est le bon repreneur
en face de la bonne entreprise ?
Racheter une entreprise ne s’étudie pas sur dossier. Très rapidement, le repreneur doit, à mon sens, rencontrer le chef d’entreprise et visiter la société. Si l’acheteur potentiel ne s’y sent pas à l’aise, cela ne sert à rien d’étudier les chiffres. C’est une histoire de feeling et c’est aussi une question technique, car des sociétés possèdent un savoir-faire très particulier : le cédant a donc beaucoup à transmettre à son repreneur, sans quoi la reprise peut ne pas bien se passer.
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