A l’occasion de la sortie de l’étude CCI Hauts-de-France sur la filière automobile en région, interview de Luc Messien, Délégué général de l’ARIA Hauts-de-France, l’Association Régionale des Industries Automobiles.
Filière automobile en région : « Travailler tous ensemble, aujourd’hui plus que jamais »

‘L’ARIA est une association à but non lucratif réunissant constructeurs et équipementiers automobiles de la région. Les Hauts-de-France constitue un acteur important dans le domaine : premier en terme de production et troisième en terme d’emplois en France. L’ARIA s’est donné trois grands axes de développement pour la filière : la compétitivité, la démarche stratégique et le management de la performance. Notre association accompagne ses membres pour consolider leurs points forts tout en s’adaptant aux enjeux économiques et sociétaux actuels’.
Quels sont les challenges que doit relever l’industrie automobile aujourd’hui ?
Nos métiers doivent faire face à trois disruptions majeures
‘Nos métiers doivent faire face à trois disruptions majeures : l’éco-mobilité (à savoir les propulsions électriques, à hydrogène ou au gaz pour réduire les émissions de gaz à effet de serre), le véhicule autonome et connecté (à savoir sans conducteur et doté d’une technologie GPS) et les nouveaux usages (comme l’automobile partagée ou la location courte durée). La qualité du réseau d’industriels et équipementiers présents en région nous permet d’être confiant sur la manière dont l’industrie régionale va s’adapter à ces défis’.
En quoi la place de la voiture a changé aujourd’hui au sein des ménages ?
Les plus jeunes générations investissent plus tard mais mieux
‘Les plus jeunes générations investissent plus tard mais mieux. Elles sont notamment très soucieuses de la sécurité de leur progéniture. C’est pourquoi les locations longue durée intéressent de plus en plus les utilisateurs : la voiture devient en quelque sorte un consommable et non plus une propriété. Un fossé est en train de se creuser entre la voiture raison et la voiture passion. Certains sont intéressés par un véhicule propre qui coûte le moins cher possible, tout en étant mieux adapté aux besoins du quotidien et d’autres continuent à se passionner par les voitures premiums et sportives. Pour exemple, les voitures de collection sont plus convoitées que jamais…’
Quel est le poids de la filière automobile dans la région ?
Quid de demain ?
Nous fabriquons 700 000 véhicules chaque année dans la région
‘Nous fabriquons 700 000 véhicules chaque année dans la région : en 2018, on aura évolué d’un millier à peine… alors qu’on fabrique toujours plus de boites de vitesse et de moteurs (respectivement 1 million et 800 000 par an). Nous n’en sommes qu’au tout début de ces fameuses disruptions : ce qui est important aujourd’hui, c’est de préparer l’avenir.
Nous nous en sommes très bien sortis ces dernières années, mais la suite n’est pas forcément assurée car nous rencontrons beaucoup de difficultés à se projeter. Tout va dépendre d’un mélange de facteurs politiques et d’évolutions médiatiques et sociétales. Nous sommes donc dans l’incapacité de vous dire précisément comment sera la voiture du futur, ou plutôt les voitures du futur. Notre seule certitude est qu’elles vont continuer à évoluer de manière très rapide. Dans le même temps, il nous faut du temps pour faire évoluer l’outil industriel. Si demain, on constate une envolée du véhicule électrique, ce ne sera pas forcément un avantage pour nous car les moteurs électriques ne sont pas fabriqués en région aujourd’hui’.
Comment la filière se prépare à ces changements ?
Travailler main dans la main avec pouvoirs publics, industriels, institutions
‘Nous n’avons jamais travaillé autant main dans la main avec les pouvoirs publics, les industriels, les institutions comme Nord France Invest, etc. Nous devons anticiper tout ce que l’on peut anticiper mais nous restons très humbles sur ce qui reste à faire : le passage à l’acte implique de prendre un risque en fonction des éléments que l’on aura, forcément par anticipation.
La filière automobile va poursuive sa stratégie d’alliance, à commencer par la concrétisation du projet d’Airbus de la batterie lancé en mai dernier à Paris, afin de créer une filière industrielle européenne des batteries de 4e génération. Nous sommes en train de décliner plusieurs projets avec les PME régionales mais nous ne pouvons rien dévoiler aujourd’hui.
L’autre aspect de la préparation aux changements, c’est d’encourager l’innovation collaborative, mission appartenant purement aux pôles de compétitivité. Notre leitmotiv aujourd’hui, c’est de travailler tous ensemble, aujourd’hui plus que jamais : face aux changements à venir, nous ne trouverons de solutions que dans la fédération d’équipes et de moyens. Se rassembler nous permettra de mener à bien toutes ces actions et toutes ces innovations.
Nous réfléchissons en parallèle à encourager les industriels à s’allier sur certains sujets comme par exemple les batteries ou les moteurs électriques, les véhicules autonomes et connectés. Sachant que moteur et batterie représentent à eux seuls 40% de la valeur ajoutée d’une voiture, pour minimiser les coûts logistiques, les constructeurs automobiles auront tout intérêt à produire à proximité des équipementiers concernés’.
Quelle est votre position en matière de formation et de recrutement pour demain ?
Il faut avoir un campus d’excellence dédié
‘La problématique du recrutement reste notre point faible : nous sommes déjà aujourd’hui pénurie de main d’œuvre, en manque de ressources humaines compétentes, alors qu’avec la disruption, de nouveaux métiers vont apparaître.
Sur une filière aussi importante que l’automobile, il faut avoir un campus d’excellence dédié. Notre image de transport polluant est de moins en moins vrai. Nous devons attirer des jeunes ayant envie de travailler dans la construction automobile pour préserver l’environnement. Nous organisons nombre d’évènements pour redorer l’image de l’automobile mais il reste beaucoup à faire pour attirer de nouveaux talents‘.
Afin d’avoir une meilleure connaissance de la filière automobile en région, la CCI de région Hauts-de-France, l’Association Régionale de l’Industrie Automobile (ARIA), la DIRECCTE et le pôle de compétitivité i-Trans ont collaboré à la mise en place d’un fichier commun qualifié des entreprises de la filière.
Cette collaboration unique permet d’aboutir à un état des lieux de la filière automobile le plus proche possible de la réalité économique.
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